MAISON HELER, l’hôtel signé Philippe Starck

À Metz, un spectacle arrête le regard : au sommet d’une tour brute de béton, une élégante demeure d’allure XIXᵉ semble posée en équilibre. L’hôtel s’appelle Maison Heler. Le design est signé Philippe Starck. On n’y vient pas seulement pour dormir, mais pour entrer dans un récit. Après avoir profité de la silhouette, franchissez la porte et suivez les indices disséminés à l’intérieur.
Maison Heler Metz

L’histoire de fond : l’univers de Manfred Heler

L’hôtel repose sur un scénario. Son protagoniste se nomme Manfred Heler, aristocrate célibataire vivant en Lorraine au XIXᵉ siècle. Absorbé par ses inventions, il voit un jour sa maison soulevée par un tremblement de terre, emportée au-dessus du sol.

Starck a rédigé cette fable comme un court roman personnel et en a fait le cœur du projet. Arrivé au neuvième étage, on se sent invité chez lui. Connaître l’histoire aiguise les sens : les motifs des murs et les ombres des luminaires prennent des allures de présages.

Extérieur et intérieurs : un air de Tim Burton ?

La première impression est fulgurante. Sur une tour noire de neuf étages repose une petite villa d’inspiration lorraine, silhouette étrange qui pourrait venir d’un plateau de film de Tim Burton.
À l’intérieur, la théâtralité s’adoucit. Le béton à nu rencontre la chaleur du bois et du cuir. Le sol en terre cuite et les piles de bûches composent une atmosphère apaisée. Les colonnes sont gainées d’un cuir vert profond embossé. Dans le lobby, des miroirs anciens renvoient une lumière indirecte et douce, entre refuge de montagne et petit musée.

Sur les papiers peints et les meubles, un cryptage privé disperse lettres et hiéroglyphes. À qui les déchiffre, Manfred laisse des messages. Dans le restaurant, dix-neuf vitraux filtrent la lumière au fil des heures et déposent des couches de couleur qui glissent lentement dans la salle.

Les chambres : le confort selon Starck

Les matières parlent simplement : structure en béton, cadres d’acier précis, éclairage retenu qui sculpte par l’ombre. Le confort l’emporte sur le spectaculaire. L’épaisseur de la literie, le dessin des rangements, la hauteur du bureau, tout semble validé à l’usage. Les chambres occupent les étages deux à huit. De larges fenêtres cadrent la ville et apaisent l’esprit avant de sortir.

  • Matières : béton apparent, cadres en acier, éclairages discrets Jeu : messages à dénicher sur les murs, motifs gravés à interpréter, comme une chasse au trésor Fonction : esthétique préservée et vraie praticité pour le sommeil et le rangement
  • Jeu : messages à dénicher sur les murs, motifs gravés à interpréter, comme une chasse au trésor
  • Fonction : esthétique préservée et vraie praticité pour le sommeil et le rangement

Restaurants et brasserie : deux tables pour un seul récit

Au rez-de-chaussée, La Cuisine de Rose décline un rose assumé, hommage coloré à la bien-aimée du récit. On y sert une cuisine de saison et des tartes du jour, du déjeuner au soir, dans une ambiance décontractée.

Au neuvième étage, La Maison de Manfred installe la table au cœur même de la « maison ». On y goûte une cuisine française contemporaine avec vue panoramique sur Metz. Au crépuscule, les vitraux diffusent leurs couleurs sur les façades voisines et le paysage change doucement de visage. Terminez sur le rooftop avec un cocktail signature.

Notes de table
  • La Cuisine de Rose
    Salle monochrome rose, vaisselle et lumières accordées. Le chef Alexandre Mons intègre, dans chaque plat, un seul ingrédient rose en clin d’œil au thème.

  • La Maison de Manfred
    Au sommet du monolithe, la seconde table offre Metz en panorama le jour et un paysage nocturne illuminé le soir. Base de tradition française, touches « à la Starck ».

La signature d’auteur de Philippe Starck

Starck franchit les frontières avec légèreté. Il a rendu la transparence tangible avec une chaise devenue icône, transformé un presse-agrumes en sculpture et réinterprété des palaces sans leur ôter leur âme.

À Metz, il donne à l’architecture et au récit la même température et change l’angle de vue sur la ville. L’hôtel reste une machine à dormir, manger, paresser, mais une fable l’habite. Cette coexistence fait sa grammaire.

Qui est Philippe Starck ?

Né en 1952 à Mantes-la-Jolie, près de Paris, Philippe Starck est l’un des designers industriels français les plus reconnus, également architecte.Son champ d’action est volontairement vaste : mobilier, objets du quotidien, intérieurs, architecture, yachts, jusqu’aux sanitaires.

Légèreté des matériaux, humour des formes et fonction au service des gestes du quotidien donnent à son œuvre un rythme constant.

Œuvres et projets emblématiques

Sélection d’œuvres de Philippe Starck
Catégorie Œuvre / Projet Année Remarques
Mobilier / Produit Chaise Louis Ghost 2002 Chaise en polycarbonate transparent à la présence fantomatique
Ustensiles de cuisine Presse-agrumes Juicy Salif 1990 Silhouette en trépied emblématique transformant l’outil en sculpture
Intérieur / Design spatial Rénovation du Royal Monceau, Paris vers 2010 Palace historique réinventé avec une touche contemporaine
Architecture Centre Pompidou-Metz 2010 Ligne de toit ample et expression structurelle légère
Objet du quotidien Toilette Aérotech 2005 Silhouette légère, axée sur l’hygiène et le confort

Ces réalisations illustrent trois axes récurrents : la petite révolution du produit, le montage d’un espace, le dialogue avec la ville.

Metz, le décor

Metz, au nord-est de la France, dans le Grand Est, se trouve près de l’Allemagne et du Luxembourg. Carrefour historique, la ville a longtemps servi de charnière européenne. Elle est à environ 320 km de Paris, soit environ 1 h 30 en TGV. Strasbourg est à une heure en train. Metz marie patrimoine spectaculaire et art contemporain, ce qui en fait une belle idée d’escapade depuis la capitale.

Histoire et flânerie

The Centre Pompidou-Metz opened in 2010 and brings the collections and spirit of Paris’s modern art temple to the east under that memorable flowing roof. Exhibitions rotate with an international reach. Nearby, the Musée de la Cour d’Or gathers archaeology, decorative arts, and architecture to tell Lorraine’s long story from Rome to now.

  • Cathédrale Saint-Étienne : Chef-d’œuvre gothique surnommé « l’une des grandes fêtes de lumière » de France. Édifiée entre les XIIIᵉ et XVIᵉ siècles, elle mêle vitraux médiévaux et créations contemporaines.
  • Vestiges romains : Remparts antiques et ponts, dont le Pont des Roches, jalonnent la ville. Les ruelles pavées gardent l’écho de l’ancienne cité fortifiée.
  • Porte des Allemands : Porte-pont médiévale qui faisait partie des remparts, emblème photogénique de Metz.

Carrefour des arts et de la culture

  • Centre Pompidou-Metz : Antenne ouverte en 2010 du Centre Pompidou. Son toit ondoyant attire le regard et accueille des expositions d’art moderne et contemporain venues du monde entier.
  • Musée de la Cour d’Or : Parcours transversal de la Lorraine, de l’archéologie aux arts décoratifs et à l’architecture, de Rome à nos jours.

Nature et haltes détente

  • Promenades le long de la Moselle : Balade au fil de l’eau, avec la cathédrale et les ponts se reflétant à la surface. Des croisières estivales sont proposées.
  • Parc de l’Esplanade : Grande étendue verte à l’ouest du centre, prisée pour le jogging, les pique-niques et les sorties en famille.
  • Jardin botanique de Metz : Environ 4 hectares rassemblant des espèces du monde entier, à parcourir au fil des saisons.

Tarifs et accès

Tarifs : à partir d’environ 170 € la nuit
Adresse : 31, rue Jacques Chirac, 57000 Metz (quartier de l’Amphithéâtre)
Téléphone : +33 3 56 63 16 31Site : maisonhelermetz.com

J’aime le design de Philippe Starck et je collectionne depuis des années ses collaborations avec le fabricant italien Alessi, en choisissant des pièces comme d’autres choisissent leurs disques préférés. Je possède même le presse-citron de la photo, appelé Genuine. Il vit sur mon plan de travail comme une petite sculpture. Quand je presse réellement des citrons, j’utilise pourtant un presse-agrumes électrique, la commodité l’emporte dans la cuisine. Ce qui me fait revenir vers Starck, c’est l’équilibre qu’il trouve entre des qualités qui, d’ordinaire, se repoussent. Les objets paraissent inorganiques et minimalistes, presque austères, mais une veine d’humour affleure toujours. Même sur ses portraits, il réussit à faire le clown en gardant un visage grave, comme si la blague et l’intention sérieuse étaient des partenaires plutôt que des rivales.

Metz est assez proche de Paris pour une excursion à la journée, mais je ne le ferais pas ainsi. Je passerais une nuit à l’hôtel Manfred Heller et je rentrerais le lendemain. Pour un hôtel de design, le tarif reste inférieur à celui de nombreux hôtels d’affaires parisiens, ce qui fait partie du plaisir de voyager hors de la capitale. Si l’emploi du temps offre un peu de marge, je pousserais jusqu’à Colmar et Strasbourg pour en faire une petite tournée du nord-est de la France. Les trains rendent l’itinéraire facile et le changement d’humeur commence dès que l’on sort de la gare.

Cette partie du pays a un caractère qui lui appartient, différent de Paris, du sud ou de la Bretagne. Les rues sont simples et jolies, comme si l’on avait rapproché les plus beaux traits de la France et de l’Allemagne. Colombages, places soignées, cafés qui semblent reconnaître leurs habitués au bruit de leurs pas. On sent la géographie, avec le Luxembourg et l’Allemagne assez proches pour influencer la cuisine, les accents et même le rythme d’un matin.

Paris garde toujours son pouvoir d’attraction, mais elle vient aussi avec la foule et le bruit. Si vous préférez un voyage plus calme et moins pressé, prenez le TGV pour une heure ou deux vers les régions. On visite cathédrales et musées sans faire de longues files et l’on accorde à chaque lieu le temps qu’il mérite. Les prix sont plus doux hors de la capitale, ce qui compte aussi.

On dit souvent que les gens du nord de la France sont chaleureux et je l’ai constaté. On y rencontre beaucoup de personnes bienveillantes, du genre à vous indiquer une meilleure boulangerie ou à ralentir leur débit quand elles sentent que vous cherchez vos mots. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter si l’on voyage seul, ni si c’est un séjour entre filles, c’est le genre d’endroit où des inconnus tiennent la porte sans façon et où un sourire accompagne les indications. Prenez le train, prenez votre temps et laissez la région vous montrer pourquoi la discrétion peut être une forme d’accueil à part entière, ce que Starck, à sa manière, nous rappelle depuis longtemps.

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Paroles de Parisrobot

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